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RÉFLEXIONS D’AVI

Si bien la lecture des textes et l’oralité ont cultivé pendant des années mon esprit, la texture des aliments et leur préparation culinaire ont nourri mon corps.

Je ne sais pas vraiment si je suis un bon cuisinier, mais parfois je me demande si mes amis viennent me voir pour passer un bon moment en une réunion amicale ou manger les bons petits plats que, par ailleurs, je m’applique à leur cuisiner.

Enfin, tout cela pour vous dire que pour moi la gastronomie et la conversation littéraire, philosophique ou sociétale sont souvent tissées dans le canevas des relations humaines, qui permet de nous faire sentir bien.

Quand j’ai commencé à écrire mon premier roman, j’avais envisagé de créer un forum de discussion, mais le web, en soi, aseptise trop la communication entre les individus. Alors j’ai pensé à expression de Charles Fourier « Gastrosophie » (Alliance de la sagesse et les sciences utiles).

C’est-à-dire qu’ensemble on peut partager des idées pendant que l’on savoure un bon repas.

Qu’est-ce que vous en pensez ?

Je lisais. Que lisais-je ?

Je lisais. Que lisais-je ? Oh ! le vieux livre austère,
Le poème éternel ! — La Bible ? — Non, la terre.
Platon, tous les matins, quand revit le ciel bleu,
Lisait les vers d’Homère, et moi les fleurs de Dieu.
J’épelle les buissons, les brins d’herbe, les sources ;
Et je n’ai pas besoin d’emporter dans mes courses
Mon livre sous mon bras, car je l’ai sous mes pieds.
Je m’en vais devant moi dans les lieux non frayés,
Et j’étudie à fond le texte, et je me penche,
Cherchant à déchiffrer la corolle et la branche.

Victor Hugo. Extrait du recueil : Les contemplations.

À mon avis, ces vers qui louent la grandeur de la nature sont adressés au lecteur, tels qu’une métaphore.  Ce texte assimile la terre environnementale (représentée par les pas qui marchent sur les brins d’herbe et les buissons) avec la littérature (le passage des feuilles, quand on lit un livre).

Le lyrisme de ce poème réveille en nous de l’émotion, habituellement endormie par la mesquinerie que la vie, au quotidien, nous impose, sous la forme des différentes mythologies modernes.

Lire et relire Hugo peut nous aider à retrouver les valeurs fondamentales qui nous donnent envie d’aller de l’avant. Les mots alignés par ce poète nourrissent nos pauvres esprits et nous font sentir mieux dans nos corps.  De ce fait, les paroles de ce colosse de l’écriture modifient nos aperçus, en général trop obnubilés par les ombres de nos préoccupations personnelles immergées, souvent, dans l’agitation de la vie courante, et qu’évidemment nous empêche de visualiser normalement notre existence. Assis sur les épaules de ce géant, nos perspectives, si réduites, peu à peu s’élargissent et alors nous pouvons discerner les horizons lointains de la sagesse et du bonheur.

LA RATATOUILLE… et quoi d’autre ?

Qu’est-ce qu’ils en commun : les écrivains Giono, Mistral ou Pagnol avec le musicien Pau Casal, le ténor Pavarotti, la soprano Montserrat Caballé ou le sémiologue Umberto Eco.

Naturellement, c’est l’ail, les amandes, les olives, les herbes aromatiques et la méditerranée.

Eux tous, sont nés dans la senteur âcre, chaude et piquante des aulx, et les odeurs de thym, origan et romarin de la cuisine de la « mare nostrum ».

Le merveilleux « pesto italien » parfumé au basilic, ancêtre de notre pistou provençal, qui est à l’origine aussi des diverses variétés de coulis, qu’en Espagne quand l’on ajoute des tomates cuites deviennent ces mélanges onctueux si rocambolesques, dénommés « pisto ».

Toutes ces régions produisent les mêmes légumes : Tomates. poivrons, courgettes, aubergines, oignons, etc.

Et voilà que ces différents pays ont eu l’idée géniale de mélanger dans leurs cuisines respectives ces dissemblables aliments, avec des goûts si opposés pour s’harmoniser dans une sauteuse ses couleurs disparates. À la mi-cuisson, on incorpore le pistou et nous obtiendrons : la RA-TA-TOUI-LLE, avec ses autres noms définis dans chaque contrée.

Bien entendu pour accompagner les légumes (et pas à l’envers) un poisson frit au fumet méditerranéen : Du sar ou du loup de mer (Bar) nature légèrement grillé pour qu’il garde toute sa fraîcheur et sa succulence

Que de littérature a pu déclencher cette préparation de parfum brûlante et légèrement fumée ?

Aujourd’hui, pendant que je m’amuse à cuisiner cette recette, lire un livre du romancier Vazquez Montalbán me décontracte.  Cet écrivain catalan, créateur du détective Pepe Carvalho, dans chaque épisode, décrit une composition gastronomique et cela me donne des idées pour de nouveaux plats.

Se récréer dans la cuisine avec un bon policier de cet auteur, en sirotant un verre de côtes de Rhône… Un vrai plaisir.

JOVIALE HOSPITALITÉ

Aujourd’hui, avec ma femme, nous avons reçu des amis à notre table.

Au menu : Régis Debray avec son livre BILAN DE FAILLITE. Superbe écriture de cette ancienne plume de François Mitterrand. Avec son humour sarcastique, il radiographie une société avide de rentabilité et nous fait entrevoir, avec son riche langage, les difficultés de nos jeunes pour vivre dans un monde sans se sacrifier aux convenances.

Évidemment, malgré la météo pas très clémente j’ai préparé :

Croquettes végétariennes (élaborées avec du riz basmati et lentilles, mélangées avec des épices. Puis un œuf et de la chapelure pour pouvoir pétrir la masse) une simple friture avec de l’huile d’olive et voilà les appétissantes boulettes prêtes à être dégustées.

Des saucisses de Strasbourg ( pour les omnivores), chou-fleur à l’eau, des amandes grillées faites maison et un vin de table bio pour agrémenter la discussion.

Quelques vers de Baudelaire, l’actualité et notre sincère antipathie pour Trump ont complété ce petit repas amical

MENS SANA IN CORPORE SANO

L’homme ne vit pas seulement de pain, mais aussi de toute autre parole qui sort de la pensée d’une personne sensée.

Moi je préfère accommoder ce passage biblique pour le destiner aux femmes et aux hommes de bonne volonté, qui sachent apprécier la poésie, la littérature, la philosophie ou de toute autre réflexion qui peut nourrir nos esprits. Bien entendu, si nous acceptons le proverbe de « mens sana in corpore sano » nous ne pouvons pas négliger notre organisme le laissant se bourrer de matières grasses hydrogénées, saturées. Encore moins si nous ingérions des aliments contaminés par des sucrés injustifiés, du sel ou n’importe quel adjuvant, introduits par les industriels dans la composition des produits élaborés pour réduire artificiellement le coût de leurs articles destinés à la consommation.

Manger sainement avec la famille ou les amis peut nous aider à réfléchir mieux.

J’ai déjà parlé dans un paragraphe de la GASTROSOPHIE, qui nous apprend à bien communiquer devant en utilisant l’art culinaire.

Ce soir, de blettes à la béchamel gratinées au four, croquettes de pommes de terre (Les patates bouillies et écrasées se mélangent avec des pignons, du persil et de l’ail pilé. Faites des boulettes saupoudrées de farine et baignées dans l’œuf battu, ensuite, frire à l’huile d’olive).

Un petit vin léger de la Loire relèvera la saveur de ce dîner amical.

Pour les omnivores, profitez de la friture pour fricasser quelques sardines ou utilisez le four chaud pour rôtir un maquereau.

Ma femme aime parler de l’actualité : les dernières élucubrations de Michel Onfray, du bilan de faillite de Régis Debray ou des mauvais accueils et honteux traitements que nos pays (appelés développés) infligent aux émigrants.

Moi, plus prosaïque, je ne cherche que les causes économiques qui cachent souvent des réalités que nous-mêmes, nous ne pouvons pas imaginer.

La pensée grecque, à travers leurs philosophes, nous a (presque) tout dit, sur la nature humaine. Alors, je plonge dans la mythologie. L’Iliade et l’Odyssée nous apprennent beaucoup sur les valeurs morales. En particulier dans l’odyssée les monstres qui nous décrive permet de comprendre la bêtise de la sauvagerie de la méchanceté y en général de tout excès.

Pour nous donner de l’espoir, quoi de mieux que l’allégresse d’Umberto Eco. Avec son humour et son savoir-faire, il nous rend sensibles au sens du ridicule qui nous impose les mythologies modernes, et cela peut nous ravigoter l’âme.

 

SOIRÉES D’AUTOMNE

Le temps d’automne a inspiré depuis l’aube de l’humanité, toute sorte d’artistes, poètes et écrivains dans tous les pays et dans toutes les cultures.

De Garcia Marquez à William Shakespeare ; de Stefan Zweig à Dante, quand il composa sa Divine Comédie ; sans oublier, évidemment, notre cher Prévert et son poème les feuilles mortes :

« Les feuilles mortes se ramassent à la pelle…

Tu vois je n’ai pas oublié

Les feuilles mortes se ramassent à la pelle les souvenirs et les regrets aussi et le vent du nord les emporte dans la nuit froide de l’oubli ».

Moi j’adore les arrière-saisons pour observer les levers de soleil levant avec les harmonieux chants des oiseaux ou admirer les tons rougeâtres et doux des couchers de soleil.

Cependant, ce temps de couleurs si riches m’anime à cuisiner. La texture des aliments réveille en moi l’imaginaire qui m’a transmis les textes littéraires.

Alors, quand la soirée approche, et les gouttelettes de rosée imprègnent la nature, et le frisquet crépusculaire stimule mes papilles gustatives.

Eh bien! une bonne soupe ravive mon corps comme la poésie réconforte mon esprit.

Dès lors, je pars à la cuisine pour préparer mon brouet méditerranéen.

Je fais revenir des amandes pilées avec de l’ail et quelques pois chiches. Puis j’ajoute du poireau, de l’oignon, pommes de terre et choux, le tout coupé très finement. Quand, ce mélange commence à prendre de la couleur, je rajoute de l’eau. Une demi-heure de cuisson et me voilà… à table.

Je déguste mon potage solide en savourant les mots poétiques de Victor Hugo :

« Oh ! vous faites rêver le poète, le soir !

Souvent il songe à vous, lorsque le ciel est noir,

Quand minuit déroule ses voiles ;

Car l’âme du poète, âme d’ombre et d’amour,

Est une fleur des nuits qui s’ouvre après le jour

Et s’épanouit aux étoiles ! »

Recueil de feuilles d’automne : À Madame Marie M.

Rêvasseries

Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,

Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :

Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.

Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

 

Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :

Mais l’amour infini me montera dans l’âme

Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien…

 

Arthur RIMBAUD. Extrait de Sensation.

 

Sans prétendre établir une comparaison à ce qui est incomparable, ce poème de Rimbaud m’a suggéré l’écriture de ce passage.

 

« Alors que son âme divaguait dans le terrain des songes, le bateau traversait les résidus de varechs qui surnageaient dans ces confins si mythiques de la mer, couleur jaunâtre des sargasses. La surface de ces eaux débordant de ces végétaux, où les nuances jaune citron s’entremêlaient au ton marron clair de la châtaigne, lui faisait entrevoir une sorte de litière végétale flottante.

Dans ces lieux remplis de légendes, les énormes laminaires, autrement dit, raisins de mer, se décomposent au contact du soleil tropical et leur couleur éclipse toutes les autres teintes résorbées par l’intense réverbération de cette prairie navigable ».

 

Extrait de mon premier roman LE CRIME DE SAINT PANCRACE.

 

 

Tu dors.

Extrait de la vie est un songe de CALDERON DE LA BARCA, poète espagnol du XVIIème.

Le riche rêve de sa richesse qui lui donne tant de soucis ; le pauvre rêve qu’il subit sa misère et sa pauvreté. Il rêve, celui qui commence à s’élever ; il rêve, celui qui s’agite et sollicite ; il rêve, celui qui offense et outrage. Dans ce monde, en conclusion, chacun rêve ce qu’il est, sans que personne s’en rende compte. Moi, je rêve que je suis ici, chargé de ces fers, et j’ai rêvé que je me voyais dans une autre condition plus flatteuse. Qu’est-ce que la vie ? – Une fureur. Qu’est-ce que la vie ? – Une illusion, une ombre, une fiction, et le plus grand bien est peu de chose, car toute la vie est un songe, et les songes mêmes ne sont que songes.

 

CONVIVIALITÉ

Aujourd’hui, je vous présente ma “dorade rose au four”.

Végétarien, presque végane depuis trente ans, cela ne m’empêche pas de cuisiner pour mes amis ou ma famille.

La texture des aliments semble à celle des mots. Quand ils sont bien accommodés pour les uns, ou bien exprimés pour les autres, ils transmettent un plaisir pour les sens.

Sur un plat en terre cuite, placez un lit de fondue de poireaux et oignon; puis, déposez la dorade (plus ou moins grande, cela dépend de nombre de commensaux). Laisser le cuire à 180 degrés dans un four préchauffé, entre 20 et 30 minutes, selon la taille de la bête.

Vous pouvez l’accompagner avec de pommes de terre à l’eau, salade ou diverses purées (carottes, potiron, pois cassés. etc.)

À manger sans modération en parlant du concept de joie chez Spinoza.

 

Passion amoureuse

Dans mon premier thriller, LE RETOUR DES AMANTS DISPARUS, j’ai essayé de parler de l’amour. Les trois femmes protagonistes sont amoureuses passionnellement, dans trois époques décrites, avant tout de « l’amour ».

Le roman prétend expliquer comme la découverte de la lecture et de la culture en général par des femmes victimes des aléas de la vie qui, heureusement, ont eu la chance de rencontrer l’amour. La passion amoureuse peut aider, aussi, à se reconstruire dans une société si stressante, comme celle que nous vivons, et qu’auparavant les avaient délaissée.

 

Voici la description de l’œuvre :

La découverte dans le fond d’un puits, d’une ferme, de deux corps assassinés, depuis plus de soixante-dix ans, déclenche une investigation policière pour élucider les faits qui aboutirent à une fin tellement funeste.

Une jeune policière, épaulée par un marin, petit-fils d’une des victimes, part à la recherche de preuves qui auraient pu expliquer les raisons de cette affreuse tragédie.

Entre enquête policière et quête d’identité, les acteurs principaux de cette fiction romanesque, en déverrouillant les portes de la mémoire, nous transportent vers les moments le plus noir de l’histoire de la France. Les différentes passions humaines, telles que fanatismes, haines, vengeances, sentiments de solitude, la frénésie amoureuse, sont vécues par les personnages qui composent cette histoire à travers leur passage tout au long du XXème siècle.

Notre couple d’enquêteurs arrive à trouver le coupable de ces meurtres, ainsi que dévoiler les motifs de son acte, mais bien évidemment ils ne sortent pas indemnes de ce voyage. L’enquête les mène vers une réflexion existentielle sur eux-mêmes déclenchant une sérieuse remise en question de leurs certitudes et convictions.

Ce texte romancé souhaite faire voyager le lecteur, cependant cette narration raconte avant tout, à travers trois générations, les chemins « difficiles » des femmes, dans la société de chaque période traitée.

La passion amoureuse est la base principale de cette trame, qui souhaite nous faire ressentir – à travers le coup de foudre vécu par les protagonistes – l’importance de l’amour dans la construction de l’individu. Et de même, comme une passion inachevée, brisée par la jalousie, l’indifférence ou la haine peut nous faire ressentir un sentiment négatif d’insatisfaction.

Par ailleurs, les chapitres sont parsemés d’anecdotes, de petits contes ou d’événements curieux sur les cultures, les traditions, l’architecture ou la toponymie des régions parcourues.